Des Jeux qui n’amusent plus

par | Juin 8, 2021

Souvenez-vous de la joie immense que la France entière a ressentie le 13 septembre 2017, lorsque le CIO a désigné Paris comme ville hôte des JO de 2024. Quel engouement au sein de la population ! Génial, nous étions déjà projetés vers le 3° évènement le plus suivi au monde, nous allions vivre au cœur de cette effervescence. Sauf que depuis les désillusions vont croissantes. Va-t-on assister aux jeux les plus soporifiques de l’histoire ?

Pour refaire le film de l’attribution, seulement deux villes étaient candidates : Paris et Los Angeles. Peu de villes peuvent se permettre une telle charge financière. Les retombées sont incertaines et les réutilisations des sites sportifs pas forcément des plus évidentes. Les installations construites à Rio sont aujourd’hui délabrées pour la plupart. Ainsi, au lieu de s’étriper, une entente cordiale s’est instaurée entre les deux villes ; Los Angeles sera ville hôte en 2028 et Paris en 2024 : Les jeux sont faits. La désignation de Paris n’était déjà plus une surprise, il fallait juste sauver les apparences et montrer de belles images. Le voyage à Lima pour cette mascarade aura quand même couté 1.5 millions d’euros juste pour le déplacement de la délégation.

 

Et depuis, me direz-vous ? depuis 2017 chacun pouvait s’imaginer assister aux compétitions les plus médiatisées, les plus spectaculaires, les plus originales. On se demandait même si pour l’occasion la pétanque ne ferait pas son entrée dans les nouvelles disciplines. Rendez-vous compte, les meilleurs sportifs dans toutes les disciplines seront présents, vont tout donner pour remporter les médailles, ou juste pour participer pour reprendre la formule de Coubertin chère à l’esprit Olympique. Au lieu de regarder devant notre écran, nous allions le vivre, le vivre intensément !

Pourtant, au fur et à mesure que la date se rapproche, les informations distillées sont bien inquiétantes sur l’état d’esprit de ces JO. Après la douche froide (même glacée) du prix des places, on se rend bien compte que les JO de Paris sont destinés à une certaine élite. L’image de Paris prime avant tout. Pendant quelques semaines, le monde aura les yeux braqués sur notre capitale, alors aucune fausse note ne sera permise. Les SDF sont priés déjà incités à prendre des « vacances » à la campagne, les camps de squat seront vidés, les étudiants sommés de laisser leurs appart en échange de 100 balles et un mars (ou plutôt d’une place gratuite) et les façades brilleront comme jamais. Toute la panoplie sera de rigueur pour alimenter les clichés romantiques de Paris. La ville va même se retrouver vidée de ses habitants qui vont saisir l’occasion de louer les appartements à prix d’or sur AirBnB oui simplement fuir une ville mise sous cloche.

Le parcours de la flamme olympique étant dévoilé, on apprend également le cout exorbitant pour les collectivités : 180 000€, sans compter bien sur les couts annexes d’organisation, de sécurité…

A titre de comparaison, il en coute 120 000 € pour accueillir une arrivée d’étape du tour de France (2° événement sportif mondial après la coupe du monde de football) avec des retombées immédiates en termes de fréquentation et un attachement populaire sans égal.

 

Pourquoi ces jeux sont-ils si chers ? Principalement en raison du cout de l’organisation. Même si Paris bénéficie d’infrastructures existantes, le budget est estimé à environ 9 milliards. (Rio a couté 13 milliards et Tokyo 12). Les droits à l’image, la vente de billets et les retombées ne suffiront pas à équilibrer le budget. Pourtant, le comité d’organisation est prêt à sacrifier des recettes substantielles pour une raison d’image.

En effet, la vente d’alcool sera interdite sur les sites sportifs. Le manque à gagner est énorme, celui qui aura cassé sa tirelire (950 euros pour une après-midi au stade de France) aurait bien pu débourser 10 € ou plus pour une bière bien fraiche. C’était prévisible lorsque le Qatar avait annoncé cette même interdiction en rognant sur le juteux contrat d’un célèbre brasseur Allemand. Après tout, les convictions religieuses font partie de leur culture. En France, le but est davantage destiné à conserver une fois de plus une certaine image. On veut éviter les hooligans déchainés, les camping-caristes sur le bord des routes avec le bob Ricard vissé sur la tête. Ce seront les jeux du grand standing, de l’élite, pas de débordements !

Et les athlètes dans tout ça ?

On peut nourrir une certaine amertume d’assister à ce changement d’état d’esprit. Pourtant au milieu de ces polémiques (je n’ai même pas fait allusion aux enquêtes pour détournement de fonds publics et favoritisme), les athlètes sont dans les starting-blocks. On a tendance à les oublier, alors qu’ils vivent la période la plus importante de leur vie pour la plupart. Ils sont rentrés en période de qualification, une épreuve parfois plus difficile que les jeux eux-mêmes. La pression monte, surtout pour nos tricolores qui se voient imputer la charge de briller et de représenter la nation à domicile.

Je continue à croire en ces jeux justement pour les athlètes olympiques et paralympiques, pour leur engagement quotidien dans leur entrainement, pour leurs sacrifices et leur ambition de succès. Ils vont tout donner, quelque soit le résultat, que le meilleur gagne ! bravo à tous ces athlètes qui se donnent depuis si longtemps toutes les chances d’accomplir leur rêve de médaille, sans compter les heures d’entrainement ni la sueur dépensée.

Laissons la part belle au sport dans toute sa splendeur, aux exploits, aux cris, aux joies, aux pleurs, aux désillusions… à toutes les émotions fortes que seul le sport sait nous transmettre. Je suis prêt à m’enflammer (devant ma télé) pour les nouvelles disciplines (escalade, breakdance, skateboard, surf).

Même les athlètes français qualifiés n’auront aucun passe-droit. Impossible pour eux d’acquérir plus facilement des places ni même à des tarifs privilégiés pour leurs proches. Investir 300 € pour chaque billet est prohibitif dans des sports souvent amateurs ; alors que dans un sport élitiste par excellence, l’organisation du tournoi de Roland Garros réserve gratuitement une loge à chaque joueur. On n’en oublie pas le besoin de soutien moral dans la performance.

Le bon plan :

Tous les sites olympiques organisent des test -event entre cet été et juin 2024 : une sorte de répétition générale. Par exemple, vous pouvez assister au triathlon international à Paris du 17 au 20 août 2023, les meilleurs mondiaux ont confirmé leur participation, dont notre champion du monde Léo Bergère.

cliquez ici pour découvrir le Programme des test-event

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